Après une semaine à surveiller les modèles météorologiques, la situation n’allait plus évoluer : la façade atlantique allait connaitre une houle XXL en ce lundi 8 février 2016.
Avec le photographe et ami Ronan Follic, nous confirmions le vol accompagnés du vidéaste Jean-René Kéruzoré, connu pour ses nombreuses vidéos du monde maritime et des phares dans la tempête.
La houle promettait d’être supérieure à 10 m sur le littoral et 15 m au large.
Les phares en Bretagne ont été rendus mythiques par les nombreuses images qui ont circulé depuis les années 1990.
Né à Brest il y a une vingtaine d’années, je suis attiré depuis tout petit par les phares et je rêve de les découvrir depuis les airs dans la tempête. J’ai plutôt l’habitude de les photographier depuis la terre, comme le phare du Créac’h à Ouessant, avec un trépied, un reflex plein format et des filtres.
Lors de cette tempête, les conditions seront complètement différentes : il faudra capturer l’instant présent avec des vitesses supérieures à 1/1000s.
Le 8 Février 2016, la tempête est bien là : le vent souffle en rafale à 145 km/h dans le Morbihan, des pointes à 138 km/h sont enregistrées à Camaret , 133 km/h à la Pointe du Raz et à Ouessant. Le redoutable pilote Thierry Leygnac nous propose de commencer par le Finistère Sud et à 10h30 nous découvrons ébahis l’océan qui se déchaine.
Les grains passent sur la mer d’Iroise et nous arrivons à la Pointe du Raz, un des lieux les plus connus du Finistère et classé « Grand Site de France ».
Un petit phare habité pendant 2 mois de Mars à Mai se dresse au milieu de l’océan déchaîné. La lumière est extraordinaire, comme dans un rêve…
Thierry, le pilote de l’hélico, nous promène au plus près des vagues ce qui donne des points de vue magiques.
Après un passage au dessus de l’île de Sein, nous arrivons au pied du phare d’Armen : l’enfer des enfers, comme soulignaient les gardiens de phares qui se sont succédé au fil des années sur l’édifice.
Les vagues sont énormes et l’ambiance exceptionnelle. Dans ces moments là, les éléments naturels révèlent toute leur puissance !
Au départ d’Armen, nous partons pour l’île d’Ouessant que je connais beaucoup mieux et que j’ai toujours plaisir à retrouver. Les paysages sont à couper le souffle, l’atmosphère différente du continent et les ouessantins vraiment des gens agréables.
À l’arrivée à Ouessant, la mer d’Iroise est déchainée, les creux incroyablement grands et les vagues d’une puissance inouïe comme ici au phare de la Jument.
Les vagues sont les plus impressionnantes qu’ils m’ait été donné de voir et les grains qui passent sur l’île apportent une touche mystique.
Au retour du soleil, les vagues s’écrasent sur les roches découpées face au phare du créac’h, le plus puissant d’Europe.
Ce passage d’une vingtaine de minutes à Ouessant restera comme mon moment préféré de ce vol au dessus de la tempête. Les conditions de lumière ainsi que les vagues exceptionnellement grosses qui s’écrasaient sur les phares de l’île correspondaient parfaitement aux conditions que je souhaitais.
L’ambiance particulière qui se dégageait au dessus de l’île semblant isolée au milieu de la nature restera longtemps gravée dans ma mémoire. Cette île est belle et bien magique…
Au départ d’Ouessant, nous sommes abasourdis par ce que l’on vient de vivre… Thierry met le cap sur le phare du Four où le collectif Breizhscapes nous attend au sol proposant quelques « backstages ».
La lumière est toujours incroyable et les vagues ne dégrossissent pas.
Nous prenons ensuite le chemin de la pointe Saint-Mathieu en passant par la côte que j’ai l’habitude de voir mais dans toutes autres conditions.
Après un passage éclair au phare des Pierres Noires, nous repassons par celui d’Armen où un grain nous attend ainsi que de belles vagues.
Il est temps de rentrer sur Vannes, la tête pleine de souvenirs et de moments gravés à jamais dans ma mémoire. C’était une magnifique aventure dont je ne me suis toujours pas remis 4 mois plus tard… J’y repense sans cesse avec l’espoir de revivre un jour ces moments magiques !