La technique de la pose longue est très utilisée dans la photographie de paysage surtout pour capturer le mouvement des nuages et de l’eau (mer, lac, torrent). La pose longue apporte du dynamisme au déclenchement de la photo et permet de corriger quelques détails en aidant à lire la photo.
Si vous êtes un adepte des poses longues, alors vous savez qu’il est difficile de déterminer le temps optimal d’exposition : il ne s’agit pas simplement d’un moment fixe, mais il dépend des conditions météorologiques et du type de résultat que l’on veut obtenir. Par exemple, il est nécessaire d’utiliser des temps d’expositions plus longs lorsqu’il y a peu de vent et des temps plus courts lorsque le vent est très fort. Lors de la sélection d’un temps long, vous devez prendre en compte d’autres facteurs, tels que vouloir renoncer à faire plusieurs prises, ou encore le risque d’un petit mouvement du boitier qui vous oblige à recommencer de zéro et perdre la capture du moment idéal (par exemple, au lever/coucher du soleil le moment « magique » pourrait être de courte durée et offrir une seule chance de déclenchement).
Concernant le résultat photographique enfin, vous aurez certainement remarqué que l’augmentation du temps d’exposition (plus d’une minute), entraîne une augmentation du vignettage et/ou du bruit numérique (y compris les célèbres « hot pixels »)
Parmi les différentes possibilités de faire face au problèmes de pose longue, il existe une technique qui peut vous aider ,dans certains cas, à améliorer le résultat final : le « stacking » (ou superposition) de plusieurs expositions.
La technique de « stacking » est basée sur la superposition de plusieurs images (chacune prise avec la technique de la pose longue) afin d’obtenir une imagine qui a pour ultime effet de simuler une exposition beaucoup plus longue que celles réalisées précédemment (égale approximativement à la somme des temps des prises de vue individuelles utilisées pour la superposition).
AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS
Les avantages de cette technique sont multiples :
Réduire le risque de perdre le moment « magique » : faire plus de captures à court terme (plutôt qu’un seul très long), vous aurez beaucoup plus de photos.
Réduire le risque de perdre la prise de vue à cause d’un mouvement accidentel du boitier (en raison d’une rafale de vent ou d’un mouvement inattendu du trépied, par exemple) : faire plus de captures, vous jetterez peut-être seulement une fraction des photos prises, alors qu’avec un temps d’exposition très long, il serait forcé de tout recommencer.
Minimiser le risque d’un changement soudain de lumière qui compromettrait l’ensemble des travaux : il suffit de supprimer les captures avec la mauvaise exposition
« Test Manuel » du résultat final : grâce aux différentes prises de vues, vous pouvez décider en postproduction du résultat final. Par exemple, une étape de 2 minutes peut être obtenu en ajoutant 8 poses de 15 secondes ou 4 poses de 30 secondes, alors que sans cette technique, vous auriez été obligé de réaliser une seule prise de 2 minutes, sans avoir la possibilité d’intervenir. Nous pouvons choisir 8 poses de 15 secondes, mais également d’autres intervalles de 15 secondes à 2 minutes selon le nombre de prises que nous décidons de réaliser.
Réduire le bruit numérique ou les « hot pixels », parce que plus la vitesse d’obturation augmente, plus le bruit numérique augmente. Néanmoins, en utilisant des temps de poses plus courts, vous réduisez le niveau du bruit numérique.
Réduction du vignettage : corriger le vignettage d’une prise de 15 secondes est certainement plus facile et plus efficace que corriger le vignettage d’une prise de 2 minutes.
Étendre au-delà des limites le temps d’exposition.
Cette technique a non seulement des avantages mais aussi quelque inconvénients que vous devez connaître :
Combiner plusieurs photos en une seule n’est généralement pas accepté par les concours photographiques, de sorte que l’utilisation de cette technique peut empêcher la participation à des compétitions avec des règles strictes.
Pour obtenir un effet équivalent à une pose plus longue, il est nécessaire que les prises individuelles soient capturés à une courte distance l’une de l’autre, étant donné que cette technique n’est pas vraiment applicable lorsque vous n’êtes pas en mesure de garantir une certaine vitesse entre les prises.
La mise en oeuvre de cette technique nécessite des compétences photographiques et de postproductions plus avancées.
Voyons plus en détail comment cette technique fonctionne.
Puisque c’est une technique basée sur les poses longues, nous donnerons pour acquis toutes les bases nécessaires à la réalisation des poses longues (timing, profondeur de champ, hyperfocale, filtres, etc.). De même que les bases de la postproduction (sinon l’article deviendrait trop générique et inutilement long).
Prenons maintenant un exemple pratique de cette technique, et analysons les différentes étapes de mise en oeuvre.
Etape 0 : Equipement / Mesures
Avant de se lancer dans la mise en oeuvre, il faut être sûr que vous avez tout l’équipement nécessaire, et prendre ses précautions dans le cas contraire.
Voici une liste rapide (à l’exclusion de toute évidence du boitier) :
Trépied : Lorsque vous travaillez avec des expositions multiples, il est impensable de capturer sans trépied… que vous ayez une main ferme et êtes prêt à faire beaucoup de travail supplémentaire en postproduction, ou non. Voulez-vous des photos nettes et perdre peu de temps devant l’ordinateur ? UTILISER LE TRÉPIED !!! Je l’utilise toujours. Le trépied doit être solide, bien stable, avec une rotule qui verrouille bien le boitier, et un châssis robuste. Personnellement, j’utilise le Manfrotto 055 XPRO 3, et la rotule Manfrotto 322RC2, car ils sont faciles d’utilisation et très stables.
Télécommande (en option, mais recommandée) : La télécommande permet de réduire les mouvements de l’appareil lors de la prise de vue, donc je la recommande toujours, afin de faciliter le travail avec des expositions de plus de 30 secondes (si nécessaire).
Filtres à Densité Neutre (Densité Neutre) (en option): il en existe de différents types et de différentes qualités, aller dans les détails et trouver comment les utiliser est au-delà de la portée de ce guide. Pour ceux qui ne connaissent pas cet équipement, c’est une sorte de filtre qui vous permet de ralentir l’arrivée de la lumière vers le capteur, étant ainsi en mesure d’augmenter le temps d’exposition. L’utilisation n’est clairement pas essentielle … cela dépend de ce que vous voulez faire et de la quantité de lumière entrant dans l’image. Manfrotto filtres ND.
Niveau (électronique ou en plastique à appliquer sur la griffe) (en option): J’utilise à la fois le niveau électronique et plastique … plus nous sommes sûrs que l’horizon est droit, moins il y aura de travail en postproduction.
Stabilité : Ce point est très important … assurez-vous de placer le support sur quelque chose de stable et non pas sur des points de passage. De plus, cette mesure sert à travailler moins en postproduction et permet d’éviter d’endommager la prise de vue.
Pour vous aider à mesurer l’exposition avec et sans filtre, il existe diverses applications (pour les mobiles) qui vous permettent de calculer rapidement les temps d’exposition par l’ajout de filtres ou de modifier les paramètres.
Etape 1: Composition et Gamme dynamique
La composition est clairement crucial pour le succès de toutes les images … Nous supposons que la composition a déjà été décidé et que nous l’aimons. À ce stade, vous devez vous concentrer attentivement (j’utilise personnellement la mise au point manuelle et le « live view » qui me permet de zoomer et vérifier attentivement) et choisir une ouverture qui permet d’avoir une bonne netteté (chaque lentille est différente et possède des ouvertures qui offrent une meilleure clarté que d’autres, je choisis personnellement des valeurs comprises entre f / 8 et f / 11).
Après avoir composé, il est essentiel de mesurer la plage dynamique de la scène, personnellement, je procède par analyse de l’histogramme et fait un certain nombre de prises avec une exposition différente afin d’obtenir une série de photos avec histogrammes couvrant toutes les informations. Dans la plupart des cas, un bracketing -2 0 +2 (surtout avant le lever ou peu après le coucher du soleil), couvre toute la gamme. Sinon, il sera nécessaire d’augmenter le nombre de prises. Donc, ma suggestion est: prendre plus de risques pour être sûr de capturer correctement toute la lumière disponible. Soyez aussi rapide que possible.
Avant de faire les derniers plans que vous allez retravailler plus tard en postproduction, assurez-vous d’avoir mesuré le temps d’exposition adéquat pour les détails. Il est également important de vérifier que les photos soient faites avec la profondeur de champ et la netteté souhaitée.
Planifié soigneusement vos prises de poses longues, parce qu’il ne doit pas se passer trop de temps entre les déclenchements. Il faut aussi éviter que la lumière change trop, et éviter de faire des essais inutiles en changeant au hasard filtres et positions, risquant de perdre le « moment magique »
Etape 2: Prise de vue
Dans l’Etape 1, vous deviez déterminer les paramètres de prises de vue de l’exposition, afin de régler le boitier :
- Bracketing
- Pose longue
- Retardateur de 2 secondes
- Miroir Lock up
Il est nécessaire ensuite de capturer les premières prises pour obtenir toute la gamme dynamique.
Dans mon exemple, j’ai capturé ces trois photos :
Etape 3: Poses longues
Immédiatement après avoir terminé le clic de bracketing, vous pouvez procéder aux déclenchements de poses longues pour capturer les différentes couleurs, le mouvement et / ou exclure les perturbations. Les raisons de l’utilisation de cette technique ont été énumérés plus haut dans la section « AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS ».
Dans cette étape, vous devez déterminer le temps d’exposition. Il est difficile de déterminer la durée exacte, car elle dépend non seulement de votre goût personnel, mais aussi des conditions météorologiques et lumineuses. Personnellement, j’opte toujours pour des temps entre 30 s et 2 min.
Utilisez les filtres selon vos besoins et choisissez les paramètres qui fournissent le maximum de netteté au sujet (attention à utiliser des diaphragmes « pointus » pour votre objectif en utilisant si possible l’hyperfocale).
Dans mon exemple, j’ai choisi d’utiliser un temps de 120 s et je continuais à capturer jusqu’à ce qu’il y ait de la couleur dans le ciel : environ 6 prises. Pour exposer à 120 s, j’utilise un filtre ND1000.
Etape 4: Analyse des prises
Avant de déplacer l’appareil, essayez de vérifier que tous les plans sont mis au point et correctement exposés. En cas d’erreurs, malheureusement, vous devrez arrêter.
Etape 5: Préparation des plans (Facultatif)
Vous en êtes à ce stade lorsque vous êtes arrivés à la maison et que vous avez téléchargé vos photos sur l’ordinateur.
Ouvrez tous les plans (si nécessaire) par boitiers et objectifs, afin d’éliminer la distorsion et / ou le vignettage géométrique.
Etape 6: Postproduction
Tout d’abord, je travaille les photos prises en bracket en essayant d’homogénéiser l’ensemble de la prise de vue de la plage dynamique (donc gardez de côté les longues poses pour le moment).
Il existe plusieurs façons de fusionner les prises. Ce guide n’a pas pour objectif de les confronter, car chacun possède sa méthode préférée.
Personnellement, je préfère utiliser la fusion HDR d’Adobe Lightroom ou Adobe Camera Raw (le résultat sera le même pour les deux versions du logiciel) car il vous permet d’obtenir des résultats très naturels.
La fusion en HDR servira de base pour obtenir le bon éclairage au sol et sur l’arc, sur lequel sera ensuite trouvée l’exposition adéquate pour le ciel. Cependant, tout le monde est libre de travailler cette étape comme bon lui semble.
Etape 7: Postproduction des poses longues
Après la préparation des prises de vues de base, les poses longues sont nécessaires pour se fondre les uns avec les autres, afin d’obtenir l’effet désiré (qui est très subjectif et dépend des goûts personnels de chacun).
Pour cette partie du processus, j’utilise Photoshop et les calques se chevauchent avec précision : Files -> Scripts -> Load Files into Stack…
Assurez-vous de cocher la case pour activer tout les images importer dans un Smart Object (Objet Avancé), étant donné que vous pouvez prendre des mesures des différents modes de recouvrement (superposition), plus tard :
A ce stade, vous obtiendrez un seul calque Photoshop contenant toutes les images superposées. Pour être en mesure d’ajouter les images comme si vous avez une longue exposition unique de la somme de toutes, vous devez changer le mode de superposition, en changeant le chevauchement des images: Layer -> Smart Objects -> Stack Mode -> Mean.
Le résultat que vous aurez sera plus ou moins ce qui suit :
Comme vous le remarquerez, l’effet des nuages dans le ciel est très ramolli par rapport aux expositions individuelles, obtenant ainsi (plus ou moins) le même effet qui aurait été obtenu à partir d’une seule exposition de 12 minutes (120 s x 6).
Solution alternative à la superposition
Il existe d’autres façons d’atteindre le même résultat sans utiliser la fonction de superposition, il suffit de chevaucher manuellement les couches du premier au dernier, mais en faisant varier le degré d’opacité. La règle est la suivante: pour chaque niveau le pourcentage d’opacité sera donnée à : 100% / niveau (en comptant à partir du bas).
Donc, en supposant que vous avez numéroté les niveaux de 1 à 6 (dans ce cas, nous avons six prises) vous pouvez mettre votre fond 1 et jusqu’au 6 par-dessus, les pourcentages d’opacité seront ceux-ci:
- Niveau 1: 100%
- Niveau 2: 50%
- Niveau 3: 33%
- Niveau 4: 25%
- Niveau 5: 20%
- Niveau 6: 17%
Le résultat que vous obtiendrez sera très similaire à celui obtenu par la moyenne de superposition de la fonction intégrée dans Photoshop.
Etape 8: Fusion des deux Photos
A ce stade du processus, vous vous retrouverez avec deux images :
- Image avec la plage dynamique (celle obtenue à l’étape 6)
- Image de poses longues avec un effet sur les nuages (celle obtenue à l’étape 7)
Pour obtenir ce résultat final, il suffit de fusionner la première photo avec la seconde, tout en conservant la dynamique de la photo : dans la première photo, notre pose longue était concentrée sur le ciel. Par conséquent, la partie restante de l’image possède une dynamique insuffisante et nous devons combler ceci avec la deuxième photo. Il existe de nombreuses manières pour réaliser cette fusion, dans ce cas présent j’ai réalisé une fusion manuelle à travers des masques de luminosité (Luminosity Masks).
Vous trouverez de nombreux tutoriels sur internet expliquant comment les réaliser, je vous invite donc à les regarder…
Etape 9: Postproduction finale
A ce stade, votre dernière mission est de retravailler l’image finale selon vos goûts. J’ai choisi ce modèle (j’ai finalement utilisé 5 déclenchements, car le dernier était trop clair… avec une exposition totale de 10 minutes).
Voici d’autres imags obtenues avec la même technique :
Si vous avez des questions ou besoin d’éclaircissements … écrivez-moi!