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Après la tempête

Quelle n’a pas été ma difficulté pour choisir les photos pour illustrer ce formidable outil qu’est mon trépied Manfrotto 190GO! .

Un déchirement que ce choix, et puis tout s’est éclairé… Je me suis mis à chercher parmi mes images celles qui ont marqué un tournant dans mon aventure, celles qui ont (et m’ont) donné le plus de plaisir ou d’émotion.

Comme souvent, celles qui vous marquent, ont été le fruit d’une rencontre avec le Hasard avec un grand H. Celui qui vous tombe dessus sans prévenir, ce moment de grâce où le temps est suspendu, celui où quand vous appuyez sur le déclencheur, vous savez que vous tenez quelque chose de beau, de fort.

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Il est d’ailleurs assez curieux de savoir que d’une manière allégorique, dans la mythologie romaine, la déesse du hasard s’appelle la fortune. Parce que de fortune, telle qu’on l’entend communément, il n’en est pas question dans ma passion photographique. Pour une raison simple, c’est qu’à mon sens on ne peut garder de liberté de création qu’en dehors de la contrainte financière.

Pour ceux qui connaissent la Côte d’Azur, il est assez fréquent de passer de conditions météo absolument apocalyptiques à un grand ciel bleu en quelques minutes.

Ce type de conditions fait souvent le bonheur du photographe, car contrairement aux ciels tout bleus des cartes postales, les intempéries nous livrent des scènes tourmentées de toute beauté.

Je ne suis pas particulièrement friand des sorties photos par conditions apocalyptiques, mais ce jour-là je me suis fait surprendre par les éléments qui comme souvent dans notre région se sont déclenchés avec une violence et une rapidité qui permet à peine de se mettre à l’abri.

Photo 1

L’orage passé, je sors du café où j’avais trouvé refuge avec mon matériel et flairant le bon coup, me précipite sur la promenade des Anglais à hauteur de Castel Plage.

J’y découvre une scène incroyable, limite post apocalyptique, avec un ciel encore d’un noir qui vous glace le sang, et au loin un mélange de jaune et d’orange caractéristiques du début de l’heure bleue.

En me penchant, je découvre que la plage est jonchée de troncs d’arbres ramenés par la mer, qui donnent à la scène encore plus de force.

Ma décision est prise, je descends sur la plage et décide de mettre mon trépied au ras du sol, d’une part pour donner un petit effet contre plongée qui amplifie l’effet visuel, et d’autre part pour éviter que le vent qui souffle encore très fort ne fasse chuter mon matériel. C’est dans ces moments-là que l’on apprécie d’avoir un Manfrotto et de savoir que son matériel est en sécurité.

Comme je le fais systématiquement, je prends un soin tout particulier à trouver le meilleur cadre, et une fois n’est pas coutume, en m’affranchissant de la célèbre règle des tiers, pour donner autant d’importance au ciel qu’au reste.

J’ai su immédiatement que je tenais quelque chose de fort, une de ces images qui vous marquent et dont les circonstances de leur prise de vue restent gravées en vous. Elle symbolise le drame dans son premier plan, et le second plan invite à l’optimisme avec le retour du soleil.

Beaucoup m’ont dit qu’elle semblait sortie d’un film de science-fiction ou d’épouvante, ce à quoi je rétorque que dans notre belle ville de Nice, tout est bien réel et peut être magnifié.

Photo 2

Comme je vous le disais en introduction, quelques minutes plus tard, le ciel se lève et je tourne mon Reflex, pour saisir une scène complètement surréaliste, envoûtante qui me conforte dans mes passions communes pour Nice et la photographie.

La lumière est devenue douce, et alors que les vagues continuent à claquer, une dame se dresse sur les rochers face à la mer.

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L’instant est magique, le temps suspens son vol, et alors que je pensais repartir avec un beau cliché, je fais ce soir-là deux images qui ont marqué mon parcours de photographe. Une est à dominante dramatique, et l’autre semble sortie d’un tableau onirique.

Comme je le répète souvent, je ne suis pas enclin à donner un titre à mes images, je préfère que chacun fasse son voyage, sans être parasité ou orienté par un mot ou une phrase du photographe.

D’ailleurs, les rares fois où j’ai dû trouver un titre, pour des concours principalement, j’ai toujours été très embêté, car l’inconvénient est également de fermer les horizons de réflexion, de projection, ce qui, pour un voyage, est quand même un peu gênant.

En conclusion, je ferais une exception à cette règle pour nommer cet article « après la tempête ».

Un tirage de la première image vient d’être vendu aux enchères au profit des victimes de l’attentat de Nice, à qui je dédie cet article et vers qui mes pensées se tournent.

 

Thomas CalvanicoAutres articles de l'auteur

Né en 1967 à Nice, il grandit dans le quartier du Port entre la Place Arson et la rue Bonaparte. Travaillant dans le domaine financier, au travers d’un métier qui le porte à avoir une vision cartésienne des choses, la photographie est venue combler un besoin d’exprimer sa créativité.
Il se définit comme un photographe niçois, soucieux de faire partager l’amour qu’il porte à sa ville natale.
Il commence son parcours en arpentant les rues de Nice avec son 35mm, où il donne sa vision en noir et blanc du monde qui l’entoure. Puis il découvre la photo de paysage, et met de la couleur dans ses yeux. Il cherche à combiner un travail sur la composition, la lumière, tout en oubliant pas d'être différent.
Loin des clichés et de la carte postale, il cherche à sublimer les paysages niçois, en faisant ressortir les émotions qui lui permettent de photographier avec son cœur. Il reste dans une perpétuelle recherche de valoriser son sujet : Nice, en sortant des sentiers battus, tout en mettant en avant les couleurs qui symbolisent sa ville et ses origines italiennes.

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