Lorsque je servais dans l’armée américaine, l’entraînement représentait une grande part de ma vie. Elle m’était imprimée par mon unité Combat Camera. Après avoir été blessée tout en couvrant le conflit en Irak, je commençais lentement de rééduquer mon corps. Souffrant d’un traumatisme à la colonne cervicale, de dommages à l’extrémité supérieure des nerfs et d’un traumatisme au cerveau, l’entraînement se limitait à ce que mon corps me permettait. J’ai appris à écouter mon corps et me suis habituée à une gestion de la douleur habituelle, holistique.

 

Au fur et à mesure que je recouvrais ma santé, je poussais plus loin mon corps et j’essayais de nouvelles choses que je n’avais pas fait avant d’être blessée, telles que

des triathlons au sprint,

des Warrior Games et j’ai même couru un

marathon complet. Alors que je m’améliorais, j’eus ma première

crise. Pour être franche je ne savais pas ce qui se passait. Un moment je parlais à mon mari dans la voiture, le moment suivant j’étais dans une ambulance. J’eus peur et éliminais l’entraînement rigoureux. Lors de mon arrêt, je pris des kilos.

 

Pour un photographe professionnel, être en forme est important. Il ne s’agit pas d’orgueil, c’est une nécessité. Je photographie pendant six à huit heures lors de toute manifestation donnée de

Veterans Portrait Project et je me lève et m’assois constamment, un test d’endurance pour n’importe qui. Sans même compter les deux heures précédant et suivant les séances, passées à porter du matériel, à mettre en place l’équipement et à tester l’éclairage. Toutes ces activités demandent de la force et de l’énergie. Il me fallait m’y remettre. C’est exactement ce que j’ai fait. J’ai commencé un

régime supprimant les crises et je me suis inscrite à un gymnase féminin près de chez moi.

Une vidéo en accéléré de la séance de portraits d’entraînement. Faite avec un Nikon D7500 à 6 secondes d’intervalle, 60 ips, ISO auto, mise au point manuelle, balance auto des blancs, soutenu par un trépied de table

Manfrotto et un kit à rotule Micro Ball Head. (Vidéo par Stacy Pearsall)

 

Les femmes que j’ai rencontrée au gymnase m’ont inspirée et motivée au cours de l’année passée. Ce sont des femmes de tous les jours, venues de tous les horizons : l’une est monitrice auto-école, l’autre institutrice, une autre agente immobilière, une autre encore femme au foyer, et ainsi de suite. Qu’importe le fait qu’elles viennent de travailler 10 ou 12 heures, elles sont au gymnase en train de pousser leur corps. Pour moi, ce sont des femmes farouches, fortes, puissantes et motivantes.

 

En regardant le film

Wonder Woman, j’ai vu les actrices interprétant les farouches amazones de Themyscira. Dans les suppléments vidéos des coulisses, je découvrais qu’il s’agissait de femmes réelles, d’athlètes réelles. J’ai été impressionnée par leur force et leur puissance.

 

Ce soir-là, je commençai de réfléchir aux femmes du film. La plupart se dédient uniquement à leur domaine athlétique, tels que le kickboxing, le cross fit, le culturisme et autres, il s’agit de leur profession, elles n’ont pas d’emploi traditionnel de 9 à 17 heures comme mes copines du gymnase et moi-même. C’est le moment où je suis devenue doublement fière de mes amies au gymnase pour avoir créé de l’espace dans leur vie pour être en forme.

 

Je me suis demandée si mes copines du gymnase savaient à quel point elles étaient incroyables. Lorsqu’elles regardaient dans le miroir, voyaient-elles ce que je voyais ? La plupart des femmes étant gênées et s’autodépréciant, j’en doutais.

 

Je pensais, « il faut qu’elles le voient ».

 

Mon idée était de les photographier pour qu’elles puissent voir le fruit de leur labeur. Le jour suivant, lors de ma séance d’entraînement quotidienne, je demandais à la propriétaire du gymnase Kindal Boyle si je pouvais monter mon studio et prendre des photos, et elle accepta.

Je voulais montrer au monde à quoi ressemble l’entraînement. Je voulais mettre en vedette mes héroïnes quotidiennes. Je voulais faire savoir à ces femmes que je vois leur force, que j’apprécie leur engagement et qu’elles m’inspirent.

J’ai rassemblé mon matériel :

• Nikon D810, NIKKOR 105 mm
• Quatre boîtiers flash compacts Elinchrom BXRi 500,
• EL-Skyport
• Elinchrom Rotalux Stripbox 14×35”
• Elinchrom Rotalux Squarebox 39”
• Deux paraboles réflectives 8.25”
• Quatre
  
  stands 12’ Manfrotto Alu Master avec coussins d’air
• Deux câbles d’extension et deux blocs de branchement.

 

J’arrivais avant le premier cours du jour et je montais mon matériel à l’arrière de la salle. La plupart des femmes se sentaient indignes d’intérêt ou inadaptées, et elles évitèrent l’opportunité. Cela ne me surprit pas. Elles ne voyaient pas en elles-mêmes ce que je vois en elles chaque jour. Heureusement, quelques-unes d’entre elles se forcèrent et acceptèrent. Je photographiais au total neuf femmes pendant la séance de deux heures.

En entrant dans mon studio, elles déclarèrent toutes ne pas être photogéniques. La plupart étaient sceptiques. Certaines dirent qu’aucune partie de leur corps n’était digne d’un appareil photo.

 

Je discutais avec chaque fille et finis par leur faire partager avec moi ce qu’elles pensaient être leur atout le plus important. Certaines dirent que c’était leur ventre, d’autres le haut de leur corps. En fonction de leurs déclarations, je leur demandais d’effectuer certains exercices mettant en valeur leurs atouts : step-ups, abdos, exercices avec ballon, accroupissements, pompes et poses isométriques.

En utilisant la lumière, la position du corps et l’activation des muscles, j’ai saisi leur attitude, leur puissance et leur force. Durant le processus, je leur montrai les photos prises précédemment. Ils furent choquées de voir leurs muscles et leur corps présentés spectaculairement et glorieusement.

 

Une femme déclara : « Je n’avais pas réalisée que j’avais de tels muscles aux mollets”.

 

J’avais réussie ! Grâce à mes photos, j’avais créé un miroir dans lequel elles pouvaient voir une image positive de leur corps reflétée. L’une après l’autre, leur visage s’éclairèrent. Je pus voir instantanément le doute devenir de la confiance. C’était inimaginable.

La photo est un outil d’une grande puissance.

Ce fut une expérience étonnante et positive pour moi. Apparemment, elle le fut aussi pour ces dames.

 

Mon amie et cliente Stacy Pearsall a pris des photos de moi et des filles à

This Time Fitness, déclare Kindal Boyle. Sa passion est hors du commun, et j’ai presque pleurée de voir les photos qu’elle a prise de mes clientes (et amies). Ces femmes, dont la confiance en elles a augmenté depuis qu’elles ont franchi les portes du studio, ont été très courageuses en quittant leur confort habituel et en montrant leur chair, leur muscles, leur travail difficile et en conservant en permanence leur sourire.

Personne ne pensait aux vergetures, à la cellulite ou aux boudinages, explique Kindal. Il s’agissait de ce que le corps peut faire et du parcours qu’il a déjà accompli.

 

Avoir une image positive de son corps n’est pas un fait banal, explique Kindal. Il m’a fallu plus d’une décennie pour apprécier mon corps pour ce qu’il est et ce qu’il peut faire. Nous en avons un seul, j’ai du apprendre à l’aimer au lieu de le maltraiter.

 

On peut se sentir vulnérable face à un appareil photo, ou on peut se sentir courageuse et belle, déclare Kindal. Toute femme mérite de se sentir spéciale, belle, forte et confiante. Stacy a fait survenir cela pour plusieurs d’entre nous. Et je ne vais pas mentir… ces photos sont une tuerie et j’en suis vachement fière ! Cela me motive aussi à continuer de me mettre au défi car je me sens enfin comme la femme confiante que je mérite d’être !

 

Je n’ai pas réalisé cette séance pour l’argent, la gloire ou la publicité. Je l’ai faite pour les femmes qui m’ont motivée, m’ont donnée de la force et m’ont portée. Je voulais qu’elles voient comment je les vois, belles, puissantes, fortes.

 

J’ai été inspirée. Qu’est-ce qui vous inspire ?